dimanche 16 juillet 2006

VIE QUOTIDIENNE

Pas d'eau. Donc les voyages à l'eau sont fréquents. Ce n'est pas loin, mais quand même...ça occupe !
Pas de machine à laver. Donc, nous lavons à la main, dans une grande cuvette plastique, accroupis dans la cour. Ensemble, ça va tout seul. Et Sina sait tout faire et il est courageux. Il sait réparer avec rien, filer le coton, cuisiner, broder, ramasser le bois durement, soigner avec du citron, du beurre, des feuilles, aider les gens, regarder le foot à la télé. Hier soir, c'était lamentable de voir les Néerlandais et les Portugais se taper dessus ! Et l'autre jour, Sina m'a fait croire pendant une journée complète que la France avait perdu 5/0 contre la Suisse. Je n'en revenais pas. C'est énorme 5/0 !...même si je n'y connais rien en foot !

Revenons au lavage... il y a plusieurs laveries à Bahir Dar, que j'ai déjà utilisées. Des femmes lavent à la main et repassent . C'est comme dans "l'Assomoir". J'ai donné 4 tee-shirts, 4 pantalons et 2 draps qu'on m'a remis impeccables et repassés pour 28 Birrs (2,50 euros) Je ne m'en prive pas pour le linge difficile à laver.

Il n'y a pas de frigo...sauf dans les cafés ou Coca Cola est là, bien-sur. Donc, courses journalières au Gabia (marché).

C'est un marché extraordinaire où l'on trouve de tout ou presque. Ici, rien n'est conditionné. J'achète 500 g de sucre qu'on me met dans un sac en plastique ou alors je donne ma propre boîte. Je peux acheter une seule bougie, par exemple ou un seul rouleau de PQ. Beaucoup n'utilisent pas le PQ. Je vois dans la cobeille des chiottes (parce qu'il ne faut pas jeter dans le trou !) des morceaus de copies d'étudiants ou du journal).
Au marché, il y a toutes sortes de graines, pas pour semer mais pour manger, des légumes (pommes de terre, carottes, choux, oignons, aulx, green leaves que je mange en salade mais que les Ethiopiens coupent très très finement pour cuire. On dirait de la Roquette au goût. J'adore ! On trouve des mangues et bananes délicieuses, des lomis (citrons). Les oignons et les citrons sont présents partout dans la cuisine éthiopienne. Je trouve aussi des farines, d'avoine, de chouro, du berberi (piments rouges en poudre) base de toute cuisine. Je m'y fais.
Nous cuisinons sur un petit réchaud à pétrole posé à même le sol. Il n'est pas très aisé de cuisiner parce qu'il faut changer de casserole et mettre en attente pendant qu'autre chose cuit mais nous avons la chance d'aller souvent au restau où on mange pour 30 a 40 Birrs pour les deux (4 euros).


Autrement, balades à vélo, lectures, télé...à la mode des années 60, la couleur en plus, mais une seule chaîne, à certaines heures de la journée, avec le film du dimanche... et...broderie !!! Eh ! oui ! Toutes les Ethiopiennes brodent des rideaux de portes, des couvre-lits ou des nappes...alors... moi aussi ! Moi qui riais de mon inspectrice qui voulait consacrer sa retraite à la broderie !
Nous avons aussi passé une semaine à Gorgora, de l'autre côté du lac où vivent la maman de Sina, Mama Eseye, sa soeur, Denkanesh (26 ans) et son petit Istifanos (17 mois).
Après ce sejour, je trouve notre petite chambre luxueuse. Ils vivent sans meubles (achat de 2 lits grâce à l'argent que nous leur avons donné), sur la terre battue, sans eau, sans électricité... C'est bizarre un village entier sans électricité. Le soir quand nous nous promenions, les rues étaient très sombres et toutes les maisons éclairées d'une seule bougie ou d'une lanterne à pétrole. Pas de bruit de moteur. Par jour, un bus et une ou deux voitures. C'est un joli village au bord du lac Tana et au pied des montagnes. Balades à pied et en bateau papyrus. Baignades pour jouer, nous laver et laver notre linge...comme tout le monde!

Nous sommes aussi allés ramasser du bois que Mama Eseye a rapporté sur sa tête.
Caro est inquiète quant à nos différences religieuses. C'est vrai que c'est énorme mais tout à fait vivable parce que nous respectons l'opinion de l'autre, tout en en discutant souvent mais sans chercher à convaincre. Sina est juste un peu triste que je ne croie pas en Dieu et ne comprend encore pas très bien pourquoi tant c'est évident pour lui que Dieu existe.
Mais nous en parlons avec humour. Il dit, par exemple, que je suis pour lui un présent de Dieu ! Ca me fait rire et je lui dis que c'est lui et personne d'autre qui a frappé à ma porte d'hôtel le 3 avril. De temps en temps, il s'amuse à passer la tête par la fenetre, depuis l'extérieur, quand il fait nuit et je crie en disant que c'est le diable !!! Ces petites allusions font partie de notre vie et nous en rions.

Nous sommes dans l'indécision quant à notre avenir (pas quant à notre amour !) parce que j'ai si bien joué mon rôle d'enseignante que j'ai réussi à convaincre Sina qu'il devait terminer ses études. Enfin, il accepte, même si ça ne lui apportera pas grand'chose d'autre qu'une grande satisfaction intellectuelle. C'est déjà ça. Il a lutté deux ans pour trouver de quoi payer. Je trouve stupide d'arrêter en cours. Donc, il reste en Ethiopie un an. Et moi ??? Je souffre trop à l'idée de le quitter...alors...
A suivre. Je n'en sais pas plus pour l'instant. Nous réfléchissons dur pour trouver la meilleure solution.